La naissance de la musique skinhead : des mods au reggae
Mods, skinheads et reggae : ces mots vous semblent peut-être déconnectés. Pourtant, ils ont une histoire commune, liée à la scène musicale britannique des années 60 et 70. Les mods étaient à l’origine un mouvement de jeunesse urbain, issus de la classe ouvrière et caractérisé par une passion pour la mode, la musique et les scooters. De leur côté, les skinheads ont émergé comme une sous-culture des mods : ces « hard mods », comme on les appelait alors, étaient plus préoccupés par le football et le travail manuel que leurs homologues plus bourgeois.
C’est dans ce contexte que le reggae, une musique née en Jamaïque, a trouvé un écho inattendu parmi les skinheads anglais. Importée par des immigrants jamaïcains, elle a été popularisée par des labels comme Trojan Records et des artistes tels que Prince Buster et Jimmy Cliff. Avec ses rythmes entraînants et ses paroles engagées, le reggae a séduit les skinheads, qui y ont vu une expression de leur propre expérience de la lutte de classe.
Du reggae au rock : la transformation de la culture skinhead
Au fil des années, la musique skinhead a évolué. Dans les années 70, elle a commencé à intégrer des éléments de rock, donnant naissance à des genres tels que le street punk et le RAC (Rock Against Communism) porté par des groupes comme Skrewdriver, dirigé par Ian Stuart. Cette mutation musicale a été accompagnée d’une transformation de la culture skinhead, qui est passée d’une contre-culture ouvrière à une mouvement plus politisé, souvent associé à l’extrême droite.
C’est dans ce contexte que Dalida, une chanteuse d’origine égyptienne installée en France, a sorti en 1980 son morceau « Il faut danser reggae ». Avec cette chanson, Dalida a tenté de renouer avec les racines ouvrières et multiculturelles du mouvement skinhead. Mais dans une scène musicale de plus en plus fragmentée, son message a eu du mal à s’imposer.
L’héritage de la musique skinhead : du dub au roots reggae
Malgré ces transformations, la musique skinhead n’a jamais oublié ses racines reggae. Dans les années 80 et 90, de nouveaux genres tels que le dub et le roots reggae ont continué à influencer la scène skinhead. Des artistes comme Bob Marley ont même réussi à toucher un public plus large, tout en conservant une dimension militante.
Aujourd’hui, la musique skinhead reste vivante grâce à des groupes comme The Oppressed, qui mêlent influences reggae et street punk, ou encore à des personnalités comme Garry Bushell, un journaliste musical qui a largement contribué à promouvoir la culture skinhead.
Au final, qui a entonné « Il faut danser reggae » en 1980 ?
Dans ce tourbillon de cultures et de mouvements, c’est bel et bien Dalida qui en 1980, a lancé au monde son appel au reggae avec son titre « Il faut danser reggae ». Un morceau qui a marqué les esprits et laissé une empreinte indélébile dans l’histoire de la musique. Dalida, malgré son parcours éloigné des racines du reggae et des skinheads, a su saisir l’énergie de ces mouvements pour créer un morceau emblématique, révélant ainsi toute la richesse et la complexité de cette époque.
En conclusion, la chanson « Il faut danser reggae » de Dalida en 1980, est une parfaite illustration de la manière dont la musique peut transcender les frontières culturelles et sociales. Aujourd’hui encore, elle résonne comme un écho de cette génération de skinheads qui, au-delà des clichés, a su trouver dans le reggae une expression authentique de leurs luttes et de leurs espoirs.